Proliférations d’algues vertes sur les principales baies bretonnes : situation de l’année 2023

Les données présentées ici sont des évaluations provisoires, pour certaines issues de la simple analyse visuelle des clichés, avant les opérations de digitalisation et validation des données qui conduiront à statuer sur la prolifération 2023 d’ici quelques mois.  Initiés dès 2002 pour les collectivités bretonnes dans son format actuel, les suivis des proliférations sont depuis 2007 réalisés par le CEVA dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) pour l’évaluation des masses d’eau côtières et de transition. Ces suivis ont été  financés par le CRB, les 4 départements bretons et depuis 2017 en totalité par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne. Des survols aériens sont réalisés mensuellement, d’avril à octobre, sur les principaux sites et à trois reprises annuelles sur l’ensemble du littoral breton et sont systématiquement complétés par des observations de terrain permettant d’évaluer précisément les proliférations d’algues vertes.

Le stock automnal relativement faible d’ulves en 2022 et l’hiver particulièrement dispersif qui a suivi, avait permis au CEVA de prévoir un démarrage des proliférations d’ulves sur les baies sableuses, tardif à très tardif pour l’année 2023. La baie de Saint Brieuc étant le secteur potentiellement le plus à risque de démarrage précoce, du fait d’une charge assez importante en octobre qui a poursuivi sa croissance en novembre puis décembre 2022. Cette prévision a été confirmée lors du premier survol réalisé mi-avril juste après les dernières tempêtes. Au niveau régional, la mesure d’avril 2023 serait parmi les plus faibles avec des surfaces encore très basses, au même niveau que les années 2020, 2018, 2016, 2014 et 2013 et surtout localisées en baie de Saint Brieuc. Les surfaces estimées pour ce premier survol seraient de l’ordre de 5 ha (contre 127 ha en moyenne sur la période 2002-2022).

Suite à cette initiation tardive du phénomène, en l’espace d’un mois, la couverture d’ulves a fortement augmenté, du fait majoritairement de la situation en baie de Saint Brieuc qui présentait en mai des surfaces de 30 à 40 % supérieure à la moyenne 2002-2022. Cela s’explique en bonne partie par une « sous-estimation » du niveau d’avril liées aux conditions encore dispersives juste avant la période de vol (multiples fragments de très petite taille difficilement perceptibles en aérien et algues encore infralittorales probablement). En juin puis juillet, la plupart des sites, dont la baie de Saint Brieuc, voient leurs surfaces augmenter fortement jusqu’à devenir, en août, supérieures à la valeur moyenne 2002-2022. Alors qu’en juin la baie de Saint Brieuc représentait environ 80% des surfaces couvertes par les ulves à l’échelle régionale, sa part n’était plus qu’autour de 50 % sur le mois d’août notamment du fait de la forte augmentation des échouages d’ulves sur les baies de Douarnenez, du Dossen, de Guissény, et de Saint Michel en Grève. Le survol réalisé mi-septembre montrait des surfaces couvertes par les ulves encore en forte hausse, alors qu’en moyenne pluriannuelle, la diminution entre août et septembre est bien marquée (environ -15 %). Les surfaces deviennent alors nettement supérieures à la moyenne pluriannuelle (probablement entre 50 et 60 % de plus). Le survol d’octobre montrait encore des surfaces très élevées, proches du niveau de septembre, alors qu’en moyenne la diminution entre septembre et octobre est forte (-30 %). Les conditions particulièrement « calmes et ensoleillés » de début octobre expliquent ce maintien des échouages d’ulves observés sur les baies sableuses à l’échelle régionale (poursuite d’une faible croissance et peu de dispersion du fait des conditions calmes). La première estimation des surfaces couvertes sur la baie de Saint Brieuc (évaluation provisoire) conduit au niveau le plus élevé pour un mois d’octobre depuis le début des mesures en 2002.

Cette année atypique avec un démarrage globalement tardif, une prolifération devenant supérieure au niveau interannuel en août et très soutenue en septembre et octobre conduirait à un cumul sur l’année qui serait proche du niveau moyen interannuel.

 

Photo : Survol aérien du 14 septembre 2023 – Baie de Douarnenez, plage de Trezmalaouen – Source : CEVA

Photo : Survol aérien du 16 octobre 2023 – Baie Saint Brieuc, Anse de Morieux – Source : CEVA