Contamination des sargasses et impacts sur leur valorisation

Les échouages de sargasses (Sargassum fluitans et Sargassum natans) se multiplient depuis plusieurs années  sur les côtes des Caraïbes, du Golfe du Mexique ou de l’Afrique de l’Ouest. Ces échouages massifs sont à l’origine de nuisances économiques et environnementales importantes. Mais ils représentent aussi un gisement abondant de biomasse potentiellement valorisable. Leur usage permettrait de créer de nouveaux produits et marchés, ou a minima de contribuer au financement du ramassage.

Ceci semble d’autant plus faisable que d’autres espèces de sargasses sont exploitées à travers le monde. C’est particulièrement le cas en Asie, dans les domaines de l’alimentaire, de l’agriculture ou de l’extraction de composés d’intérêt. Et d’autres applications, comme dans le domaine de l’énergie par exemple, sont aussi à l’étude.

 

Conséquence des contaminations sur la valorisation des sargasses

Mais ces développements doivent se faire dans le respect des cadres règlementaires et normatifs associés à ces différents domaines d’application. La présence de certains contaminants, comme l’arsenic notamment, est susceptible d’en restreindre les usages. A la demande de l’ADEME Martinique, nous nous sommes donc penchés  sur ces aspects et leurs conséquences pour la valorisation industrielle des sargasses.

Cette synthèse, réalisée avec l’UMR BOREA, est publiée dans le Journal of Applied Phycology. Elle est disponible ici.

 

Le devenir de certains contaminants lors de la valorisation en amendements agricoles

Sur la même thématique, les résultats de l’étude Eco3Sar : Ecologie, Ecotoxicologie et Economie des Sargasses viennent d’être publiés sur le site de l’ADEME. Le rapport complet et sa synthèse du projet sont disponibles en téléchargement.

Le projet Eco3Sar a mesuré l’évolution de l’arsenic et du chlordécone, deux des contaminants présents, lors de la valorisation en amendements de ces algues. Il propose des solutions pour une procédure adaptée dans des installations classées, conformément aux normes françaises actuelles.
Par ailleurs, la grande diversité de microorganismes associés aux sargasses échouées et sur les sites de stockage, a aussi été explorée. Elle pourrait être utile au développement de biotechnologies. Enfin, l’acceptabilité sociale de cette voie de valorisation a été étudiée.

 

L’impact environnemental de l’arsenic des algues échouées est encore mal connu

Enfin, la totalité des sargasses échouées ne pouvant être récoltées/traitées (volumes échoués, difficultés d’accès, capacité de traitement,…), il est important de bien comprendre le devenir de ces algues et de leurs contaminants, et plus particulièrement de l’arsenic. Malheureusement, sa biodisponibilité comme son éventuelle intégration dans les écosystèmes (libération, bioconversion, assimilation par les coquillages, …) restent très mal connues. Ces aspects sont cependant essentiels et nécessitent une collaboration internationale des pays concernés.

Le dernier  « Trend editorial » du journal Environmental Science and Pollution Research, auquel nous avons contribué avec un panel de spécialistes du sujet, revient sur cette question.