Retour sur le workshop Circalgae consacré aux nouvelles bioraffineries bleues

Le 10 septembre 2025, nous avons tenu le troisième atelier de la série organisée dans le cadre du projet CIRCALGAE, organisé par CEVA avec le soutien actif d’Aquimer et des partenaires du projet.L’événement a été organisé à Keflavik, en Islande, mais également en ligne afin d’augmenter l’audience et de multiplier les interactions.

Cette troisième édition était consacrée au développement de nouvelles bioraffineries bleues à partir de ressources aquatiques. C’était l’occasion de partager les résultats et les idées de trois projets européens consacrés à ce sujet :

– CIRCALGAE : « notre » projet Horizon Europe axé sur le développement d’une bioraffinerie durable à partir de coproduits issus de l’industrie des algues marines et des microalgues, pour en faire des ingrédients à plus haute valeur ajoutée pour l’alimentation humaine et animale et les applications cosmétiques ;

– BIODIMAR : un projet du Sustainable Blue Economy Partnership visant à développer des solutions industrielles pour la valorisation des flux secondaires issus de la pêche et de l’aquaculture ;

– IMPRESS : un projet Innovation Action d’Horizon Europe visant à libérer le potentiel des espèces marines et d’eau douce de bas niveau trophique et de leurs coproduits, pour l’alimentation humaine et animale et les applications d’emballage.

Ce rassemblement unique a réuni des chercheurs, des innovateurs et des leaders de l’industrie pour explorer des manières durables d’exploiter les ressources aquatiques et de développer des chaînes de valeur circulaires à haute valeur ajoutée.

L’atelier a été divisé en deux sessions, se concentrant sur le développement scientifique et technique des bioraffineries, mais aussi sur leur adoption par une série de PME à travers l’Europe.

🔹 Partie 1 – Programmes de recherche européens
Créer ou améliorer de nouvelles bioraffineries bleues

 🟢 CIRCALGAETransforming the by-products from seaweed and microalgae processing into value-added ingredients

 👤 Toni Martinez Abad – CSIC

Toni Martinez Abad s’est penché sur le développement des bioraffineries CIRCALGAE, qui exploitent les algues marines et les microalgues, souvent sous-utilisées, en maximisant l’utilisation de toutes les fractions de la biomasse pour créer de multiples produits à valeur ajoutée. Une attention particulière a été accordée aux procédés d’extraction industrielle des microalgues qui laissent généralement une biomasse résiduelle riche en protéines. Des technologies d’extraction innovantes, telles que l’homogénéisation à haute pression (HPH) et les prétraitements aux ultrasons (US), ont été présentées comme des techniques efficaces permettant d’augmenter la récupération des protéines à partir de ces résidus. La bioactivité et la fonctionnalité des extraits ont également été évaluées in vitro. Il a ensuite abordé la valorisation des sous-produits de la transformation des macroalgues, notamment la production d’agar et d’alginate, et la réutilisation des effluents alcalins et des résidus solides. Malgré la nature récalcitrante des algues, la biomasse et les résidus de traitement des macroalgues riches en phycocolloïdes peuvent être transformés en composés à valeur ajoutée et en éco-matériaux grâce à des méthodes simples et abordables.

 🔵 FOODIMARFrom Bones to Bucks : Unlocking the Value of Marine Side Streams
👤 Rachel Durand – SINTEF

Rachel Durand a présenté le projet FOODIMAR, qui vise à développer des bioraffineries bleues durables en valorisant les flux secondaires issus de la pêche et de l’aquaculture, tels que les têtes de poisson, les arêtes dorsales et les prises accessoires de méduses. Elle s’est concentrée sur la récupération d’ingrédients riches en protéines pour des applications alimentaires, ainsi que sur l’extraction de composés de grande valeur pour les marchés biomédicaux, cosmétiques et nutraceutiques, tels que le collagène, la gélatine et les glycosaminoglycanes. Le projet donne la priorité à l’utilisation de méthodes d’extraction écologiques (enzymes, ultrasons, C02 supercritique). Les premiers travaux réalisés confirment que des co-produits de poissons blancs norvégiens peuvent être une source bon marché et disponible d’ingrédients de grande valeur. En particulier, les procédés ultra-sons ont permis d’améliorer considérablement les rendements en collagène de bonne qualité, malgré la composition mixte et la teneur élevée en minéraux des matières premières d’arêtes de poisson.

🟣 IMPRESSAdvancing Zero-Waste Multi-Product Biorefineries Through Innovative Technologies
👤 Brijesh Tiwari – TEAGASC

Cette présentation du projet IMPRESS s’est concentrée sur le développement de bioraffineries bleues innovantes basées sur les produits de la mer et les ressources aquatiques d’eau douce. Le processus comprend la sélection des matières premières et l’identification des produits cibles, mais aussi d’autres éléments importants tels qu’un inventaire des technologies pertinentes, la collecte de données tout au long du processus et une analyse coût-bénéfice. Le professeur Tiwari a insisté sur l’utilisation de technologies propres, l’optimisation de l’énergie et la récupération totale des co-produits des algues et des poissons. Des techniques innovantes telles que la filtration membranaire et l’extraction assistée par ultrasons ont été utilisées pour maximiser le rendement et la pureté des extraits. Le projet IMPRESS développe également des systèmes intégrés combinant production et bioraffineries, avec une réutilisation intelligente des effluents pour l’aquaculture (algues, lentilles d’eau).

🔹 Partie 2 – Session industrielle
Développer des bioraffineries commerciales

🟢 CIRCALGAESeaweed Biorefinery: From the Shores to the Shelves
👤 Georg Kopplin – Alginor

Georg Kopplin a présenté une vue d’ensemble d’Alginor, une entreprise pionnière qui se consacre à la mise en œuvre d’une nouvelle bioraffinerie bleue à base d’algues. Alginor valorise la biomasse des algues grâce à des processus intégrés de bioraffinage qui mettent l’accent sur le zéro déchet et l’extraction en cascade pour séparer les composés à haute valeur ajoutée tout en utilisant efficacement les flux secondaires, en évitant les produits chimiques toxiques et en équilibrant le rendement des produits avec la demande du marché. Georg Kopplin a décrit les phases successives de l’histoire de l’entreprise, du développement technologique initial et de l’expérimentation en laboratoire à l’industrialisation et au déploiement commercial. Il a également montré comment ces étapes comprennent des tâches très diverses, au-delà des aspects techniques : études de marché, développement commercial, conformité réglementaire, résolution de problèmes tels que disponibilité et traçabilité des matières premières, logistique ou acceptation par le marché.

🔵 FOODIMARFrom Fish Waste to Functional Value : Scaling Marine Biorefineries with Green Technology
👤 Emre Yemisken – TETIS

TETIS est une startup de biotechnologie verte basée à Istanbul, fondée en 2018, spécialisée dans la transformation des déchets de poisson en produits fonctionnels à haute valeur ajoutée grâce à des technologies de bioraffinage durables. Emre Yemisken a illustré comment leur recherche utilise de multiples méthodes d’extraction verte innovantes telles que le CO₂ supercritique, les processus enzymatiques, ultrasoniques et assistés par micro-ondes, s’alignant sur les principes de l’économie circulaire et les objectifs zéro déchet. TETIS participe au projet FOODIMAR, qui vise à convertir les déchets marins en composés à haute valeur ajoutée, comme en témoignent les gammes de produits CollaRich (collagène liquide et en poudre pour le B2B) et Seasnacks (collations au collagène marin pour le B2C). Emre Yemisken a également expliqué comment chacune des technologies proposées peut être positionnée en termes de produits cibles, de flexibilité, d’évolutivité ou d’investissements nécessaires, ainsi que leurs avantages respectifs en termes d’efficacité énergétique et de durabilité. Il a conclu sa présentation en mettant l’accent sur les prochaines étapes nécessaires à une mise à l’échelle industrielle complète et sur les marchés visés.

🟣 IMPRESSMicroalgae Biotechnology as a Tool for Blue Biorefineries
👤 Maria Alvarez Gil – NEOALGAE

NEOALGAE est une société de biotechnologie innovante fondée en 2012 à Gijón, en Espagne, spécialisée dans les solutions à base de microalgues dans le cadre de la bioéconomie circulaire bleue.  Son concept s’articule autour de la culture et de la transformation durables des microalgues pour produire des ingrédients à haute valeur ajoutée pour diverses industries. La société exploite une installation industrielle équipée de systèmes de culture, de laboratoires d’extraction et de zones de production de biostimulants, permettant des processus de bioraffinage intégrés. Maria Alvarez Gil a expliqué comment l’entreprise contribue à la durabilité environnementale en favorisant le recyclage des nutriments, le traitement des eaux usées et la capture du CO₂ par la culture de microalgues, en les utilisant ensuite pour l’extraction d’ingrédients et en soutenant l’économie circulaire en réutilisant les résidus de biomasse comme biofertilisants ou aliments pour animaux.

🟠 Microalgae as a Source for Commercial Fucoxanthin
👤 Oran Ayalon – Algalif

Algalíf est une société de biotechnologie islandaise fondée en 2012, et un leader mondial dans la production d’astaxanthine naturelle à l’aide d’une installation de production de pointe comprenant des photobioréacteurs tubulaires avancés et des systèmes de contrôle intégrés mobilisant l’IA. Au-delà de l’astaxanthine, l’entreprise se concentre désormais sur le développement d’autres ingrédients dérivés de microalgues, en particulier la fucoxanthine, un caroténoïde marin très abondant. Oran Ayalon a décrit les activités de recherche de l’entreprise, notamment l’optimisation de souches telles que Isochrysis et Phaeodactylum pour améliorer le rendement en fucoxanthine, l’utilisation de technologies d’extraction vertes telles que le CO₂ supercritique pour garantir la pureté et la sécurité, ainsi que les défis liés à la variabilité des matières premières, à l’efficacité de l’extraction et à la conformité aux réglementations.

🔹 Un atelier qui a suscité de riches discussions

2 sessions de discussions interactives entre le public et les orateurs ont également permis de mieux comprendre le développement des nouvelles bioraffineries bleues. Les discussions ont porté sur divers sujets tels que la montée en échelle des technologies innovantes pour les acteurs de l’industrie, l’accès au financement pour de nouvelles approches durables, ou les défis liés aux aspects réglementaires ou aux volumes de coproduits disponibles.

La retransmission complète de la session est maintenant disponible, tout comme les présentations qui sont accessibles ici.